Elle, dans la rue, prenant un bout du trottoir, assise et
tendant la main. Une main tendue pour demander de l’aide, de l’argent et si je
laisse mon imagination socialiste galoper je dirais que cette mais est dans
l’attente d’une autre qui va la prendre pour lui montrer le chemin du travail.
Cette main tendue, vide, les ongles hésitant entre saleté
noir ou un reste de henné qui cacherai cette misère qui a laissé des traces et
des cicatrices.
Un habit très modeste, une djeba, des pantoufles tous salis
par la pollution des voitures qui se garent juste a coté.
Elle est exactement sous le niveau de la fenêtre d’une
voiture, pas dans le champ de vision d’un passant pensent à son diner ou autre.
Elle est en bas, regardant dans le vide, ne faisant aucun
effort pour aller vers les autres et leur demander ce dont elle a besoin.
Sa posture d’une
fatigue de plusieurs siècles de pauvreté et d’injustice.
Peut être que j’interprète en me basant sur ce que j’ai vu
pendant quelques minutes.
J’avais peur qu’elle me regarde avec son regard portant
toute la tristesse.
J’ai eu peur de lui répondre que je ne pouvais l’aider alors
que je me trouver dans une voiture la regardant « d’en haut » puisque
le niveau de la voiture était haut par rapport à ce bout publique que tout le
monde se partage et qu’elle empreinte pour noyer son malheur, ce bout qu’on
paye tous mais qui ne sert à rien pour un peuple qui ne veut que marcher sur
goudron.
Voilà qu’un jeune homme passe, a vue d’œil il semble venir
de l’Afrique noir (tout cela pour dire dans le politiquement correcte qu’il est
noir).
JE continue donc mon interprétation pour dire qu’il est
surement étudiant.
Peu importe mes extrapolations, mais le jeu de regard entre
elle est lui était assez fascinant.
Lui il était désolé, ne savait pas où regarder, mais elle était
encore dans son monde avec une bouche qui voulait dire « monde tu me
dégoute »
J’étais déjà parti mais sa posture et son regard sont restés
me turlupiner.
Quelque chose en moi disait que la solution à son problème
visible n’est pas de lui donner de l’argent ou de la nourriture mais de lui offrir
une formation ou un travail.
Je voulais m’asseoir à coté d’elle pour l’ecouter et prendre
en moi la lourdeur de son anamnèse mais je n’avais rien à lui offrir.